mon journal d'artiste...

La bonne excuse...

Faut-il une raison, un starter, un coup de pied aux fesses pour s'y remettre?

Le côté réflexe électrochoc - pseudo - conditionné ?

En tous les cas mon livreur préféré est arrivé mercredi avec de nouvelles toiles, et ça il faut l’avouer, ça fait très très envie (les toiles pas le livreur je précise).

Il faut dire que je me suis fait plaisir ! Quatre carrés de 1métre sur 1mêtre !

Ils sont beaux, encore brillants dans leurs papiers plastiques, surfaces blanches immaculées vierges de toutes intrusions jusqu’à….MOI !!!

Je sais ça a un côté vieux lubrique pervers mais je vais les déshabiller tout doucement, comme dirait Liane « Au fur et à mesure »…

Le plus dur c’est de choisir parmi les nombreux projets qui pétillent dans ma tête.

J’ai prévu une série sur Noé, une série de grottes inspirées de ma visite à la cité de Minerve… Je ne peux faire qu’un choix, pour commencer, et je ne suis pas du genre à butiner de toiles en toiles, à déflorer toutes les prétendantes d’un seul coup !! je ne sais pas être infidèle…

Commençons donc par mes grottes… retour à l’aube des âges, au début du commencement, aux premières traces…

Arrétons de courir...

Nous nous sommes perdus dans un confort mal orienté. Nous avons oublié ce que l'humanité a fait de plus beau, juste pour laisser une trace. A quoi bon tout le reste? Si nous ne sommes plus capable de voir où est l'essentiel?

L'art est là pour nous ouvrir les yeux.

La surface.

Pli, pliure, plissure, frisson, sinuosité.

Rugosité, brillance, âpreté d'une peau, préciosité d'une texture, extravagance dans un sillon millimétrique.

D'où vient que le grain désigne celui de la peau comme celui de la toile? délicat hasard de la linguistique...

"Le Rêve".4F.( 24X32 cm)

PEINDRE c'est chercher en nous le "premier homme" le "premier ancêtre" celui que nous avons perdu.

"Reine des animaux". 80X100cm.

Lorsque vous regardez mes photos, il faut imaginer que la surface de la toile n'est pas lisse du tout. sous la peinture existe une superposition de papiers, de tissus et de dentelles qui attirent au delà de l'image. l'oeil est attisé de loin, la main est séduite de près.

"Pirate". 40X40 cm.

J'essais de composer des puzzles à partir de fragments. Toute ma volonté s'oriente vers l'apprentissage d'une rigueur dans le geste et dans la profusion.

D'aussi loin que j'en ai la mémoire mon envie a toujours consistée à maitriser l'instant critique avant la surcharge.

le grand ménage.

A-t-on besoin de faire table rase pour aller de l’avant ?

Est ce que le fait d’être une femme influence un mode de création qui implique des cycles ?

La peinture est-elle affaire de rupture ou de continuité ?

Tous ceux qui se sentent artistes répondront qu’il faut un peu de ces deux choses pour créer. Un peu de ce que l’on a fait avant, un peu de ce que l’on découvre au fur et à mesure. Tout ceci permet d’imaginer un peu de ce que l’on va faire ensuite…

J’ai fait mon grand ménage de fin de cycle aujourd’hui, fin d’une année à peindre sans interruption, fin de mon établi dans le salon, fin de toiles réparties partout dans les coins, fin de ce qui a été exposé, étiqueté, fin des pistons et des ficelles ainsi que de toutes les traces d’un encadrement.

Mon établi a rejoint son coin, dans son atelier, mes papiers sont bien pliés, rangés, les pinceaux lavés, les toiles neuves stockées, en attendant.

Peut-être qu’en art comme dans la vie, il y a un moment où il ne faut plus se retourner pour aller de l’avant. Ce qui a été fait reste quelque part, comme une influence malgré soi, mais il faut oublier un peu pour re-commencer.

Bizarrement, maintenant que tout est rangé : j’ai furieusement envie de m’y remettre.

Le début d’une aventure…

Puisque la création est un travail solitaire. Puisqu’une exposition récente m’a permis de montrer mon travail et d’échanger des idées avec grand nombre de gens. Puisque je travaille dans un cocon bulle auquel je tiens.

Alors pourquoi ce blog ?

Parce qu’écrire c’est éclaircir des idées, s’interroger, prendre le temps et le recul qu’une discussion ne permet pas.

Créer une image demande du temps, il faut d’abord voir, comprendre, digérer les odeurs et les influences. Ce n’est pas un travail de l’immédiateté, pour certains grands artistes oui, mais pas pour moi.

J’ai besoin d’énormément de temps avant de prendre un pinceau et de réfléchir aux basiques notions de constructions, de couleurs et de représentations. Ma tête doit d’abord accumuler tout un tas de sensations. En fait je peux peindre quand tout cela déborde. Je vide le trop plein.

Ce n’est pas douloureux ou problématique, je n’ai pas un rapport supplicié avec la peinture, c’est comme une longue maturation qui permet ensuite quelques mois de plaisir intense, de mise à plat, de restitution jouissive.

Alors l’écriture me semble un relais indispensable pour « ordonner », comprendre, réaliser plus rapidement vers quel chemin on se dirige. Pourquoi une écriture « publique » ? par ce que je sais que tous les artistes jeunes ou moins jeunes passent par des moments de doute,  et les échanges peuvent être salutaires. Par ce que je connais pleins de « non artistes », qui se posent tout un tas de questions sur la création, qu’est ce qui fait qu’une personne fabrique, invente et d’autres non ?

Donc discutons, échangeons et rendons à l’art sa place auprès des gens et du quotidien.

la vie: des peintures.

Durant mes dernières vacances j'ai pris le large dans un gîte en pays Audois. Prés de Carcassonne, en Minervois.

ce séjour au milieu des vignes et des pierres m'a plongé dans une atmosphére énigmatique et envoûtante. J'ai fais des photos et des croquis, qui peut être se transformeront en toiles.

il y a toujours interférences entre la vie et la peinture. c'est pour cela qu'il faut parfois recharger sa tête, son oeil, ses carnets de croquis, pour pouvoir reprendre un pinceau...

mais dans quelle mesure ce que l'on voit influence t-il ce que l'on peint?

                              

le pourquoi du comment.

qu'est ce qui fait que je peints ou non?

pourquoi par exemple mes pinceaux sont -ils inactifs depuis décembre, alors que durant l'année qui a précédé je les sortais tous les soirs. Est-ce ma main? est-ce ma tête? est-ce le reste?

d'abord je ne me suis pas posée la question. à noël on mange, on boit, on parle entre autre, mais on ne peints pas.

sauf que là, plus d'excuses.

pourtant ma tête est pleine d'idées, je sais ce que je vais peindre, dans quelle direction je vais partir mais...pas envie de m'y mettre.

Fatigue? flegme? overdose depuis ma dernière expo? je sais pas.

je crois que ce qui me manque... c'est le manque.

pour avoir envie de peindre il faut que ça me manque!!!

le manque éveille les sens, et ma peinture se veut sensuelle, donc c'est logique.

tout est affaire de féminité, de préciosité. créer une toile reste un moment intime, donc rare donc précieux. Et c'est cette intimité qui fait que l'art est de l'art, car il provoque des instants uniques: pour celui qui fabrique d'abord, pour celui qui regarde ensuite.

je vais donc attendre d'avoir très très envie. pour savourer ma gourmandise.