Les nuits sont fraîches en ce moment. Quand le soleil ne chauffe plus et que les lumières sont éteintes la douceur d'un drap, la chaleur d'une étoffe ont d'un coup de surprenants pouvoirs. Il fût un temps ou le rôle discret du linge de maison avait son importance. Chaque bout de tissu était si précieux qu'on le marquait des initiales de la famille. Le lien ainsi brodé nous plaçait dans un contexte, dans une histoire, il y avait transmission.
Aujourd'hui nous consommons du drap comme du yaourt. Les bouts tissés sont importants par ce qu'ils se nomment Chanel ou Prada. Mais que fait-on du lien?
Dimanche dernier j'ai "visité" une foire aux textiles . J' ai vu les broderies et les "couseuses" ; j'ai imaginé les lavandières, l' odeur des lessives, les panières remplies d'étoffes blanches. Il n'en reste que des bouts, des morceaux, des reliques mises en scénes pour l'adoption. Comment peut-on croire qu'une société si éloignée de ses racines va de l'avant?
J'ai acheté pour trois fois rien des bouts de cet ancien monde que j'ai hâte de réemployer dans mes toiles. Des initales et des motifs dont je ne connais pas l'histoire mais pour lesquels je vais essayer d'en composer une. La délicatesse de ces points va je l'espère m'inspirer la justesse, la simplicité et l'humilité d'un travail soigné et bien fait. Tout en exumant sans prétention cette petite part de féminité que notre société, pour de mauvaises raisons, oeuvre tant à nous cacher.
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