Aujourd’hui j’étais en stage : un truc super important spécial profs d’arts plastiques.
Nous avons refait le monde, nous avons rêvé, nous avons échangé des impressions, des émotions, et surtout nous nous sommes inquiétés ensemble.
Je sais, des profs qui s’inquiètent c’est loin d’être nouveau !!!! Je sais je sais…
Sauf que là, nous commençons à avoir de faux airs de dinosaures fatigués. Et quand on a la trentaine, ça craint !!!
Imaginez, dans cette société qui se construit, à l’heure du tout uniforme, du tout impersonnel, du tout efficace, imaginez comme on peut se sentir insignifiant quand on est profs de pâte à modeler. C’est pinceaux et couleurs, face aux bulldozers de la mondialisation.
Nous travaillons sur des valeurs dont tout le monde se fou.
Pourtant, dans ce travail qui est le mien quand je ne peins pas, je vois jour après jour des enfants qui ont besoin de nous. Ceux qui sont en marge, ceux dont personne ne veut, ceux qui ont du mal à écrire, du mal à parler, du mal à rejoindre le moule imposé de la masse. Que reste-il à ces gosses aujourd’hui pour crier ? Pour dire NON ? Pour montrer qui ils sont ? Pour Être tout simplement ?
Il ne reste pas grand-chose malheureusement. On nous a dirigé bêtement vers un tout unique qui gomme la diversité, qui mouline les individualités, qui cache les singularités en les stigmatisant comme des défauts grossiers.
Aujourd’hui nous avons parlé de l’avenir, des métiers d’art, des artisans qui font des trucs sublimes et qui disparaissent. Nous avons évoqué le design, la peinture, la sculpture, la mode, la décoration d’intérieur, l’histoire de l’art, les céramistes, les confectionneurs de fleurs en papier… Tous, nous sommes les derniers dinosaures… mais que valons nous face au Made in China…rien, nous ne sommes rien.
Et un jour prochain, peut-être, nous nous retournerons et nous dirons, c’était qui, déjà Léonard de Vinci. Oubliant par la même occasion, qu’à l’aube de nous même, au début de la civilisation, la première chose qu’a voulu faire l’homme, avant d’écrire ou de compter, c’est laisser une trace, un dessin, reconnaissable à travers les âges. Quelle trace laissons nous ? Aujourd’hui ? À part une planète dégueulasse ?
Bonsoir,
Je partage tes inquiétudes. Il y a des drôles de choses qui se préparent. Dans 10 ans les profs d’arts plastiques ça n’existera plus. Donc les histoires de dinosaures….En tant que coordinateur CAPES, je suis assez bien placé pour le savoir. On pousse de plus en plus vers la bi-valence. C’est déjà assez inquiétant, mais en plus les enseignants des autres disciplines pourront tous enseigner les matières artistiques (musiques, art plas), par contre les enseignants « artistiques » ne pourront pas enseigner autre chose. Et donc…
C’est le genre de choses dont on discute régulièrement dans les réunions, mais pour l’instant on en parle pas beaucoup, pour cause des élections. Une fois les élections passées « ils »auront les coudes plus libres. Bon j’espère que j’ai tort. On deviendra peut-être des espèces en vois de disparition. Mais ne déprimons pas trop quand même, pour l’instant on fait un métier formidable, en tout cas, il y a bien pire.
Cordialement Johannes Peeters
Rédigé par : Johannes Peeters | jeudi 15 fév 2007 à 23H39
Ouah, après t'avoir lue on se dit, c'est quand la fin du monde ? Sand', tu m'inquiètes ! Fais voir ton pouls !
Enfin, ce qui est sûr, c'est que tu es "une bonne pâte", difficile à modeler certes, parce que, "libre". On cherche encore le moule !
Mesdames et Messieurs les artistes, continuez à nous étonner, à nous émouvoir, à aiguiser notre sensibilité !
Rédigé par : D'clic | vendredi 16 fév 2007 à 20H42